lundi 20 juin 2011

Le vieil indigne

C'est paré des oripeaux d'un passé glorieux de résistant que Stéphane Hessel cherche à éviter la contradiction à sa leçon de morale, car comme nombre d'indignés il a l'indignation sélective.

Dix malheureuses feuilles dans la lignée des appels d' "intellectuels" comme s'autoproclament pompeusement ceux qui ne trouvent que l'écho d'une presse complaisante en l'absence d'une réelle adhésion populaire, faute d'être historiquement visionnaires.

L'apparatchik

L’égrènement de son CV d'apparatchik y figure en bonne place : résistant, compagnon de De Gaulle à Londres en 1941, membre du haut conseil de la résistance et à ce titre à l'origine de la sécurité sociale, de la retraite et de la presse indépendante (sic); co-rédacteur de la déclaration universelle des droits de l'homme à l'ONU au coté de "René Cassin commissaire national à la justice et à l'éducation du gouvernement de la France libre à Londres en 1941 et prix Nobel de la paix en 1968 (sic)", et enfin secrétaire à l'ONU.
Ainsi s'énumèrent ses titres et qualités comme les médailles et décorations s'alignent sur les uniformes des maréchaux soviétiques au défilé du 1er octobre.

Avec le Hamas à Gaza

Son indignation Hessel la porte surtout sur le conflit Israelo-Palestinien, notamment à Gaza, mais pas contre le Hamas dont il doute de l'implication dans les tirs de roquettes sur les villes d'Israel. D'après lui le Hamas n'y aurait pas intérêt, les auteurs sont à rechercher du coté de Gazaouis exaspérés !
Pour bien préciser le sujet, ces roquettes sont des engins qui font environ 1,50 m pour 30kg dont 2.400 furent tirés vers Israel depuis Gaza pendant le 1er semestre 2008. Après la signature d'un accord avec le Hamas à partir du 20 juin 2008 ce ne sont plus que quelques roquettes chaque mois qui sont tirées depuis Gaza, preuve que l'organisation Palestinienne sait être très efficace contrairement à ce que semble penser S. Hessel sans doute très mal informé.

Le juge

Poursuivant sa diatribe anti Israélienne Hessel s'appuie sur le rapport Goldstone accusant Israel de crimes de guerre. Or depuis, Goldstone est revenu sur les conclusions de son rapport dans une article du Washington Post en avril cette année.
Richard Goldstone reconnait avoir un peu trop vite accusé Israel faute d'avoir pris le temps d'étudier précisément les différents cas et ainsi d'avoir participé d'une justice expéditive. Hessel lui n’en poursuit pas moins son indignation tout ausi sélective qu'expéditive.
Rappelons que Hessel a appelé en 2010 au boycott des produits Israéliens, en cosignat un appel en compagnie de Olivier Besancenot, Marie-George Buffet, Eva Joly, Daniel Cohn-Bendit, ou Cécile Duflot.
La répression en Syrie ou contre les Coptes en Egypte soulève chez eux bien moins d'indignation.

Vieux et...


Mandéla et Luther King sont ensuite cités histoire de donner un peu de contenance à ce texte sans consistance.
Et de terminer par une postface magistrale : son age !
Un paraphe qui vient comme une dernière confirmation du manque de fraicheur de l'énoncé, une épitaphe.


samedi 18 juin 2011

Alain Finkielkraut : le politiquement correct

La philosophie qui ne nous laisse pas libre de voir ce que nous voyons


Dans l'émission Semaine critique de Franz Olivier Giesbert du 04 mars 2011, définition par Alain Finkielkraut du "Politiquement correct" (transcription) :
Il y a quelques jours, nous avons assisté, ou nous avons pu assister à la cérémonie des Césars. Et vous vous souvenez, Xavier Beauvois a reçu le César du meilleur film pour Des Hommes et des Dieux. Il est venu sur scène, il a fait une allocution.
A la fin de son allocution il a voulu tirer la leçon, donner la leçon de son film, en quelques mots il a dit : "C'est un film qui dit qu'il ne faut pas avoir peur des autres, qu'il faut se parler; c'est un message de tolérance, de liberté, d'égalité et de fraternité".
Xavier Beauvois est à ce point imprégné du pathos ambiant qu'il ne voit pas ce qu'il montre. Parce que, ce qu'il montre c'est quoi ? C'est l'échec du dialogue face à un fanatisme implacable.

Une fin de non percevoir


Et c'est le politiquement correct : La philosophie qui ne nous laisse pas libre de voir ce que nous voyons. Ce n'est pas simplement une opinion dominante, c'est beaucoup plus gravement une perception obligatoire, une fin de non percevoir adressée à toutes les réalités, tous les événements qui pourraient si vous voulez "attiser les craintes", "faire le jeu du front national", "désespérer les banlieues", "stigmatiser encore plus ceux qui sont déjà victimes de stigmatisation".
Ce sont les meilleurs intensions au service du mensonge.

Si vous me permettez, je voudrais essayer d'aller à travers cela à la racine du politiquement correct, précisément en vous relatant une anecdote intellectuelle : c'est la soutenance de thèse de Julien Freund dans les années 60.
Julien Freund c'est un résistant, philosophe, disciple de Carl Schmitt. Carl Schmitt pense que la relation ami-ennemi définit le politique et qu'elle est indépassable.
Il a face à lui au jury de thèse, Jean Hyppolite, un hegelien pour qui cette idée est insupportable, parce que justement toutes les oppositions doivent pouvoir être dépassées, il dit : "si vous avez raison il ne me reste plus qu'à cultiver mon jardin".
Réponse de Julien Freund : "Vous croyez que c'est vous qui désignez l'ennemi, comme tous les pacifistes, du moment que nous ne voulons pas d'ennemi nous n'en n'avons pas raisonnez vous. Or c'est l'ennemi qui vous désigne, et s'il veut que vous soyez son ennemi, vous pouvez lui faire les plus belles protestations d'amitié, du moment qu'il veut que vous soyez ennemi vous l'êtes et il vous empêchera même de cultiver votre jardin."
Le politiquement correct pense que nous n'avons pas d'ennemi, que l'Europe post hitlérienne, post coloniale est son seul ennemi, qu'elle doit maintenir une vigilance constante contre ses mauvais démons, mais que pour le reste il n'y a pas à se faire de soucis, le mal si le mal existe il vient toujours de nous.

Un des invités de l'émission Fabrice d'Almeida l'interpelle : "Alain Finkielkraut, vous avez justement une grande qualité c'est que vous parlez avec vos adversaires, vos ennemis, justement vous entendant faire cette tirade, quel est l'enemi d'Alain Finkielkraut aujourd'hui ? Quel est l'adversaire avec qui vous voulez discuter ?"
A. Finkielkraut : "Tous...tous..."